HOMONYMIE
L'ancienneté de la première église de Frasne a souvent prêté à discussion parce que des confusions de noms ont eu lieu à son sujet avec les homonymes de Frasne ("Fraxinus" dans les actes rédigés en latin) que sont Frasne (canton de Montmirey-le-Château, Jura), Fresnes-sur-Apance (Haute-Marne) et Frasne-le-Château (canton de Gy, Haute-Saône), mais aussi avec un homonyme de Dompierre-les-Tilleuls (dont l'église était connue dès l'an 941), à savoir Dompierre-sur-Mont (canton d'Orgelet, Jura).
ANCIENNETÉ DE L'ÉGLISE
Deux documents permettent d'affirmer que la première église de Frasne existait déjà au milieu du XIIIe siècle.
Le plus ancien et le plus péremptoire, est un acte par lequel Jean de Chalon l'Antique affranchit en juin 1252 un nommé Faulconnet, "le filz à Lanoir", de Frasne. En échange de cet affranchissement, Faulconnet et ses héritiers sont chargés de l'entretien de deux lampes ardentes "au moustier Sainct George de Fraigne, que nous (= Jean de Chalon l'Antique) y establissons en aulmonne". L'une de ces lampes devra être allumée jour et nuit avec de la "bon huille" et l'autre "ardra" (= brûlera) de l'huile de noix seulement le samedi soir, pendant les vigiles de Notre-Dame et pendant toutes les messes que l'on "chantera en lad. église". L'acte d'affranchissement et ses conditions seront régulièrement confirmés aux héritiers de Faulconnet par Hugues de Chalon Arlay en 1385, par Louis de Chalon Arlay en 1453 et par Philiberte de Luxembourg en 1519. Tous ces titres sont consignés dans le rentier de la seigneurie de La Rivière établi en 1535 à la requête de René de Nassau. Le registre des comptes de cette seigneurie pour l'année 1584 en fait encore état, l'héritage des Chalon étant alors placé sous la tutelle du roi d'Espagne Philippe II.
Le second document est tout aussi explicite puisqu'il indique qu'en 1261 Frasne disposait d'un prêtre. En effet cette année-là, en mai, "Henricus, presbiter curatus de Frasne" (= Henri, prêtre curé de Frasne) fit, avec ses frères, une donation à l'abbaye de Mont-Sainte-Marie. En s'appuyant sur ces deux documents, on peut donc raisonnablement admettre que l'église de Frasne était déjà construite au milieu du XIIIe siècle. La création de l'église de Frasne avait sans doute été dictée par l'essor de ce village qui occupait une position privilégiée : carrefour entre Pontarlier, Salins et le Val de Mièges, proximité de plans d'eau (étangs de Frasne et ancien lac de l'Ecoulant, en contrebas du cimetière) et richesse des forêts environnantes.
"Vestiges de l'église de Frasne démolie en 1836"
Le développement de la paroisse de Frasne se fit au détriment de celle de Dompierre de création plus ancienne. Au fil des siècles, plusieurs chapelles vinrent agrandir l'église primitive qui se trouvait au milieu du cimetière actuel. L'historien Bourgon en donne la description suivante : "A en juger par l'édifice, il paraîtrait que, dans le principe, il n'y avait qu'une chapelle à laquelle on a joint une église à trois nefs ; il y a un pilier de plus d'un côté que de l'autre ; les trois nefs ne sont pas sur une ligne directe et correspondante avec le choeur ou l'ancienne chapelle : il a deux sacristies, dont une très ancienne". Toujours selon Bourgon, il y avait huit chapelles dans cette église.
L'église de Frasne sur le cadastre napoléonien (1818)
UNE NOUVELLE ÉGLISE
Au XIXe siècle la construction d'une nouvelle église fut envisagée pour les raisons que donna l'abbé Pergaud, curé de Frasne de 1827 à 1860, : "La vétusté de l'ancienne église qui tombait en ruines, son insalubrité causée par l'humidité d'un sol trop enfoncé, le défaut de goût et d'ordonnance dans sa distribution, son enceinte trop étroite et trop restreinte pour la population, sa position à l'extrémité de l'endroit rendant l'assistance aux offices divins pénibles à un grand nombre avaient forcé depuis longtemps les habitants à penser à la construction d'un nouvel édifice religieux exempt de tant d'inconvénients".
Au printemps 1830 commencèrent les travaux de la nouvelle église qui fut consacrée le 26 novembre 1833 par l'abbé Pergaud lui-même. Quant à l'ancienne église, elle fut détruite. Seuls la "rue de la vieille église" et quelques "vestiges de l'église de Frasne démolie en 1836" incrustés dans un mur attenant à l'actuel presbytère en rappellent l'existence.
